15 novembre, 2009

UN JOUR D’AUTOMNE A LA GARDE-FREINET

Tout le monde connait La Garde-Freinet, pittoresque village niché au cœur du massif des Maures. C’est là que j’ai décidé d’amener les adhérents de la section en ce beau mercredi férié du 11 novembre, car pour faire beau, il va faire beau. Nous avons de la chance surtout que la reconnaissance que j’avais faite une dizaine de jours auparavant en compagnie de mon ami Jacques, ne s’était pas passé sous des cieux aussi cléments. En fait le temps avait été bouché presque toute la journée. Les sommets couverts de nuages ne nous permirent pas d’admirer le panorama comme nous l’aurions espéré.

Mais avant de commencer, un petit mot sur l’historique du village. En fait, on sait peu de choses sur son origine. Il est bâti sous une éminence rocheuse, le « castrum de Fraxinet. » On a longtemps pensé que le fort Fraxinet avait été édifié par les sarrasins quand ils envahirent la Provence. Or les ruines qu’on y a découvertes ont été datées entre le XIIe et le XIV siècle, alors que l’invasion mauresque eut lieu entre le IXe et Xe siècle soit deux siècles auparavant. Il faut dire que l’on connait mal cette période, les maures n’ayant laissé que peu de traces de leur passage. Il faut se retirer des mémoires certaines idées reçues. En fait d’invasion, ce ne fut qu’une poignée d’individus qui barquèrent au début dans le golfe de Saint-Tropez, une vingtaine de pirates tout au plus, venus de la région d’Al Andalous en Espagne, actuelle Andalousie. L’endroit leur plut tellement qu’ils y firent souche et firent venir d’autres colons qui s’y installèrent à leur tour. On pense qu’ils ne se regroupèrent pas autour de La Garde-Freinet mais qu’ils occupèrent un espace beaucoup plus important sur les hauteurs des Maures. Ils y restèrent ainsi plus d’un siècle asservissant les autochtones, vivant de rapines et de razzias, mais apportant aussi leur culture. Ils furent défaits par le comte Guillaume de Provence lors de la bataille de Tourtour en 973.

Les Sarrasins furent chassés mais tous ne partirent pas. Ils se fondirent dans la population au cours des siècles et y laissèrent quelques traditions comme le « tambourinaïre » par exemple.

Revenons au castrum de Fraxinet. Il est plus probable qu’à l’instar d’autres villages provençaux, le hameau fut construit par les habitants sur une hauteur autour du château seigneurial afin de se protéger des invasions courantes en ces temps obscures. Le nom de La Garde-Freinet vient sûrement de « garde » à causes de sa position stratégique au dessus du seul passage joignant la vallée de l’Argens au golfe de Saint-Tropez, et de « freinet » qui tire son origine d’une importante forêt des frênes qui couvrait alors le secteur.

En des temps plus cléments, les fraxinois abandonnèrent leur position élevée mais inconfortable du fait du manque d’eau et de la difficulté d’y cultiver la terre. Seul resta un temps le château, jusqu’en 1589 plus exactement où il fut détruit en pleine guerre de religion par le capitaine Montant sous les ordres du maréchal de La Valette lieutenant-général du duc d’Epernon, afin qu’il ne puisse servir de refuge aux huguenots. Le village se développa au XIXe siècle avec l’industrie du liège. On comptait en 1849, 660 bouchonniers pour une population de 2687 habitants.

Plus tard le massif des Maures fut exploité pour ses gisements de métaux non ferreux tels que le cuivre, le zinc ou encore l’antimoine. Mais ce fut plutôt l’exploitation de mines de plomb argentifère qui se développa autour de La Garde-Freinet, la ville de La Londe étant alors un important centre de traitement des métaux extraits dans les Maures.

La Garde-Freinet vit actuellement essentiellement du tourisme.

Voilà, après cette longue introduction éducative (certains diront que j’ai étalé ma science et ils n’auront pas tort), venons-en à la randonnée proprement dite.

Nous arrivons sur place vers 10h15. Nous ne sommes que 13, mais je ne suis pas superstitieux. Jacques, mon équipier pour la reconnaissance a tenu à m’accompagner. Nous découvrons l’endroit avec un autre regard. Sous un ciel bleu immaculé, il faut reconnaître que le paysage est plus gai. La marche commence par une descente en direction d’une petite retenue d’eau que nous traversons au niveau d’un gué. Il faut alors marcher dans l’eau tel Saint-Pierre, mais comme le niveau ne dépasse pas les semelles de nos chaussures, nous ne nous mouillons pas les pieds. Nous longeons un moment le ruisseau des Riaux qui nous sépare de la route située sur l’autre versant de la vallée.

Après un petit détour pour aller voir la retenue d’eau des Neuf Riaux, qui en fait n’offre aucun intérêt, nous attaquons la remontée vers un sommet portant le même nom que j’ai choisi pour effectuer notre pose de midi car l’endroit est dégagé et offre une belle vue sur la campagne environnante.

Après manger, par un sentier forestier à peine visible, nous rejoignons la piste qui monte de la plaine des Maures vers la route des crêtes. J’ai demandé à mes camarades d’amener une lampe car une entrée de mine s’ouvre sur le bord du chemin. Nous allons la visiter. Je passe pour un idiot lorsque Paulo, parti en tête, constate que la galerie ne fait que cinq mètres de long tout au plus.

Plus loin, nous entrons dans une châtaigneraie. Comme c’est la saison des châtaignes, nous ne pouvons nous empêcher d’en ramasser malgré l’interdiction. L’important est de ne pas se faire pincer, ce qui n’est pas le cas de l’ami Francis qui ne peut s’empêcher de montrer sa cueillette au seul autochtone que nous allons rencontrer. Ce dernier menace d’avertir les autorités si Francis ne jette pas immédiatement sa cueillette frauduleuse. Bien en avant, je n’ai pas assisté à la scène. Le coupable s’exécute de mauvaise grâce. Il en ramassera plus loin.

Nous sortons bientôt du couvert des châtaigniers. Quittant alors la grande piste par un petit chemin grimpant en lacet au milieu de la bruyère en fleur, nous rejoignons la route Marc-Robert au niveau d’un col offrant un jolie vue sur le massif des Maures côté sud.

Par un petit sentier très raide, nous atteignons les crêtes. Nous découvrons en face de nous le magnifique golfe de Saint-Tropez. Le chemin s’aplanit et devient plus aisé. Nous sinuons au milieu d’un paysage semi-désertique d’où émergent ça et là des excroissances de roches déchiquetées. Nous arrivons bientôt au lieu-dit des « Roches Blanches » le bien nommé, car il y émerge du sol un éclatant filon de quartz blanc très curieux. Autour de l’amas rocheux, le sol est jonché de petits morceaux de quartz blanc donnant l’impression qu’il a neigé, c’est très étonnant.

Mais nous devons songer à redescendre vers La Garde-Freinet que nous apercevons au loin au pied de la falaise. Nous atteignons le village par les hauteurs, au niveau de la croix des Maures. La vue qui s’offre à nous de La Garde-Freinet s’étalant sous nos pieds, est magnifique. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à apprécier le site, une route carrossable permet d’atteindre l’endroit. Le parking est complet. Pour redescendre au village, nous passons sous la croix. Cette dernière a une histoire cocasse. Haute de 6 mètres, elle fut érigée le 3 mai 1900 par le curé Mathieu en plaine période d’anticléricalisme afin n’embêter un notable athée possédant la plus grosse maison du village située en plein dans l’axe de la dite croix. « - Ainsi, tu auras le christ en face de toi jusqu’à ta mort » aurait dit le curé frondeur. Jusque dans les années 70, elle servait aussi plus prosaïquement de paratonnerre.

Nous rejoignons enfin le parking et partons à pied au cœur du village à la recherche d’un bistrot pour rafraîchir nos gosiers altérés. Seulement, nous avons oubliés un détail, nous somme le 11 novembre et tout est fermé, sauf une petite épicerie. Qu’à cela ne tienne, l’ami Gilbert fait l’emplette d’une bouteille de limonade et une de jus d’orange, ainsi que deux packs de bière que nous allons siroter sur le parking à côté des bagnoles malgré le froid vif qui s’est installé avec le soir, sous les yeux étonnés de quelques ânes de Provence parqués dans un pré derrière un mur.

Pour terminer, comme nous étions somme toute peu nombreux, je ne résiste pas à l’envie de vous citer les participants : Dominique et Claude Housinet, Christine et Francis Reyes, Jacqueline et Jean-Marie Sullice, Robert Monthéard, Paul Gérard, Jacques Andréani, Gilbert Navarro, Brigitte Zinck, Brigitte Auzende et Jean-François Defforges.

08 novembre, 2009

12 ème BOUDIN D'OR

Comme promis, bien qu'un peu tardivement, voici quelques photos prises lors de notre concours annuel de sketches amateurs. Une fois de plus la qualité des prestations n'a pas démenti le succès de cet événement qui augmente d'année en année. Merci encore à tous les participants.





























27 octobre, 2009

LES GORGES DE PLERIMOND

Nous voici arrivé à fin octobre et nous sommes pourtant encore en plein été indien, et nous allons en profiter. Ca se passe quelque part dans le Haut Var dans un coin de garrigue perdu entre Salernes et Aups. C’est là que j’ai décidé d’amener mes troupes pour notre randonnée dominicale.

J’ai la surprise de découvrir pas mal de nouveaux sur le parking de Babou. Je ne m’y retrouve plus, surtout que notre groupe est mélangé avec un autre, des personnes qui randonnent suivant le nouveau concept « On va sortir » sur Internet. Si bien que me voila à faire des bises à des dames qui n’ont rien à voir avec nous.

Enfin nous finissons par nous y retrouver et nous répartir dans les voitures. Le départ s’effectue à 08h30 pile. Pascale arrive juste à temps, au volant de sa nouvelle auto. Le convoi était juste en train de s’ébranler. A deux minutes près, elle nous loupait. Le trajet vers Salernes est un peu long. Nous suivons des lambins sur les petites routes de l’arrière pays. Je me fais un peu de souci car nous avons changé d’heure ce week-end, et nous démarrons la balade avec une heure de retard. Aurons-nous le temps de boucler la rando avant la nuit, seul l’avenir le dira. Je voyage avec l’ami Robert, notre chauffeur, Denise, une nouvelle, et surprise… un revenant, notre ancien président Jean-Pierre !

Nous arrivons au départ de la balade vers dix heures moins le quart.

Nous stationnons nos véhicules à l’entrée des fraîches et ombragées gorges de Plérimont. De nombreux adhérents découvrent émerveillés ce magnifique site. Les gorges s’ouvrent à cet endroit, formant un petit cirque peuplé de grands arbres au fond duquel surplombe la chapelle Saint-Barthélemy datant du XVI e siècle. Un étang lisse comme un miroir reflète le feuillage doré des peupliers. Mais nous n’avons pas trop le temps de nous attarder. Nous suivons le sentier qui s’enfonce dans le fond du cañon. Les parois de calcaire se rapprochent. De nombreuses grottes ouvrent leurs gueules béantes de chaque côté du chemin. Certaines ont été habitées au néolithique entre 6000 et 2000 ans av/JC. Une douzaine de squelettes y a été retrouvée dont les os étaient striés au silex, signe indubitable du caractère anthropophagique des individus ayant séjournés ici. Détail morbide, on a déterminé que les corps avaient été dépecés et désossés, certains os ayant été brisés afin d’en récupérer la moëlle, aliment de choix très apprécié à l’époque. C’est peut-être pour cela que nous sommes oppressés dans cet environnement sauvage.

Le fond du défilé s’arrête brusquement sur un immense chaos. Un tronc d’arbre a été dressé là afin de permettre une ascension plutôt vertigineuse. Certains nouveaux adhérents font triste mine lorsque je leur apprends qu’il va falloir escalader la paroi. En fait, je leur ai fait une blague. Une petite sente presque invisible permet de grimper jusqu’au Trou du Loup, curieuse grotte qui, par une étroite cheminée permettait jadis de retrouver le sentier plus haut. Une échelle de fer a été scellée sur la roche. Elle permet d’éviter les contorsions dans la caverne. Je trouve que c’est un peu dommage, mais mes compagnons pensent que c’est mieux ainsi. Lorsque tout le monde a franchi l’obstacle, nous continuons la montée relativement raide qui va nous permettre de rejoindre le haut des gorges. Nous les suivons ensuite en direction du nord. Nous devons retrouver une route goudronnée que nous allons traverser. Seulement, distrait par une conversation, je rate un embranchement et me retrouve dans un endroit où je ne me rappelle pas être passé lors de la reconnaissance. Tant pis, d’après le GPS, il mène au même endroit ou presque. Je ne regrette rien car ce passage est plus pittoresque que celui que j’avais emprunté la première fois. La suite du chemin se fait sans histoire jusqu’au point prévu pour la pause repas, que nous atteignons à midi tapant.

J’accorde un long répit à mes ouailles puisque nous prenons une heure et demie de temps pour manger.

Je me tracasse un peu de ce que nous réserve l’étape de l’après-midi, car nous allons être obligés de passer dans un endroit que je n’ai pas reconnu. En effet, à un moment, le chemin que nous devons prendre est fermé par une haute clôture infranchissable. Il s’agit de la limite ouest du domaine oléicole du château de Taurenne, un splendide manoir datant du XIIe parfaitement restauré. Nous n’aurons malheureusement pas le loisir de le voir. J’ai bien essayé de suivre la piste sur son remblai, mais ce dernier est très étroit et plonge sur sa droite dans un profond ravin. Encombrée de buissons plus ou moins piquants, la progression sur cette étroite bande de terre n’y est pas très agréable. J’ai donc prévu de descendre dans le torrent asséché qui longe le chemin et de le suivre jusqu’à la route. Seulement je ne connais pas les difficultés que je risque d’y trouver. Nous verrons sur place.

Le paysage de l’après-midi est très différent du matin. Le site est plus aride. Nous marchons entre de petites falaises déchiquetées. Avec le soleil qui s’est voilé, il y règne une atmosphère fantasmagorique digne d’un roman de Stephen King. Plus loin, nous nous heurtons à une clôture limitant un large espace que nous devons contourner. Il s’agit, je l’apprendrai plus tard, du musée en plein air Faykod. Maria de Faykod est une artiste sculpteur d’origine hongroise. Elle y expose des sculptures en marbre de carrare. Si vous êtes intéressés par ses œuvres, vous pourrez trouver une somme d’information sur le très beau site Internet : www.musee-de-faykod.com

Au cours d’une courte pause, je décide d’abandonner mon projet de longer le torrent pour suivre à la place une autre piste qui va nous mener sans encombres jusqu’à la route que nous rattrapons au niveau du domaine de Plérimont où paissent tranquillement des moutons gardés par un imposant chien bouvier visiblement pas très content de nous voir.

Il n’a rien à craindre, nous n’avons pas l’intention de venir troubler la paix des ovins.

Nous devons ensuite suivre la route sur environ cinq cents mètres avant de rejoindre la piste qui va nous ramener à l’entrée des gorges de la Brague. C’est peut-être la partie la plus périlleuse de la journée. La route est large et rectiligne, et les quelques voitures qui la parcourent, roulent très vite… trop vite à mon goût. Nous devons rester très prudents.

Lorsque enfin nous quittons l’asphalte, j’accorde une pause à mes troupes. Il ne nous reste que trois quarts d’heure de marche à accomplir à tout casser, et il n’est que 15h30. Finalement, nous retrouvons les voitures vers 16h00. Tout le monde est content, il ne nous reste plus qu’à regagner nos foyers.