24 mars, 2010

SEJOUR RAQUETTES AU LAUZET

La Lauzet est un petit village de la vallée de la Guisane, cette dernière plus connue sous le nom commercial de Serre-Chevalier. Il s’agit de l’ultime commune de la vallée avant le col du Lautaret qui permet de rejoindre Grenoble par La Grave.

Le Lauzet est le seul village de la vallée qui n’a pas été dénaturé par les infrastructures de sport d’hiver. Nous y logerons au gîte de l’Aiguillette du Lauzet du nom de la montagne qui surplombe le site et où l’on trouve une via ferrata assez connue.

Ce n’est pas la première fois que nous séjournons chez Hélène et Daniel. Nos hôtes nous ont déjà accueillis maintes fois, mais cela fait trois ans que nous n’y sommes pas retournés. Aussi c’est un vrai bonheur de retrouver cet endroit chaleureux que nous aimons.

Nous y arrivons dans la soirée du samedi 13 mars après avoir fait une étape gastronomique le midi à Savines au bord du lac de Serre-Ponçon.

Le soleil a brillé toute la journée, nous n’y étions plus habitué, ayant subi les semaines précédentes un vrai temps de chien. Tout ceci est de bon augure, d’autant que j’ai organisé ce séjour au débotté, déçu par la météo lors de la semaine de fin d’année que nous avions passée à Saint-Bonnet en Champsaur, au cours de laquelle nous n’avions pratiquement pas pu faire de raquettes du fait de la carence en neige et du temps pluvieux.

Force est de constater que de la neige, au Lauzet il y en a. La couche devant le gîte fait presque deux mètres de haut. Au col du Lautaret, comme nous aurons l’occasion de nous en rendre compte plus tard, les congères atteignent par endroit entre 3 et 4 mètres. Nous allons avoir tout au long de cette semaine bénie, tout ce dont nous avions été spoliés dans le Champsaur : Neige et soleil à satiété. A ce sujet, même si elle ne pouvait pas le prévoir, je remercie Dominique Housinet de m’avoir fait reculer d’une semaine notre séjour. Si j’avais maintenu les dates initiales, nous aurions eu un temps de m….. .

Je ne m’étendrai pas sur le détail des randonnées raquettes que nous allons effectuer, je me contenterai de vous raconter par le menu la dernière, celle du vendredi 19 mars, la plus fertile en événements.

Pour résumer, nous allons effectuer 6 balades.

Dimanche 14 : Comme la veille nous avons fait de la bagnole toute la journée, j’ai choisi un itinéraire qui nous fait éviter un trajet en voiture. La randonnée se fera donc à pied depuis le gîte. Il s’agit de remonter le vallon de Fontenil jusqu’au lac de Combeynot. J’ai nommé cette randonnée une « mise en jambes. » Elle va s’avérer être la plus costaude du séjour, 900 mètres de dénivelé. Avec une altitude de 2555 mètres, c’est le point le plus haut de tout notre séjour.







Lundi 15 :

Une originalité, nous allons changer de vallée, puisque

nous nous rendons à Villars d’Arêne de l’autre côté du col du Lautaret. Le but de la journée sera de remonter la vallée par le Pas d’Anna Falque et les Voûtes. Nous irons jusqu’en vue du refuge de l’Alpe à 2000 mètres d’altitude. Je ne connaissais pas du tout l’endroit, il est magnifique, je vous le conseille.

Il faut quand même que je vous raconte une anecdote qui aura ses conséquences plus tard. En fin de randonnée, nous décidons d’aller boire un coup dans un bar à proximité du départ des pistes de ski de fond de Villars d’Arêne. Profitant que Jacqueline se soit absentée un instant pour aller « se repoudrer le nez », j’ai l’idée de lui monter un canular. J’avertis tous mes camarades de jouer le jeu. Nous allons lui faire croire que le col du Lautaret a été fermé pour cause de vent violent, et que pour retourner au gîte qui se trouve à 18 km, il faut le préciser, nous allons devoir allez jusqu’à Grenoble à une centaine de kilomètres d’ici, remonter la vallée de La Mure et Corps jusqu’à Gap pour enfin revenir à Briançon, soit au bas mot, un périple de plus de 200 kilomètres. Vous voyez la différence ? La blague va fonctionner mieux que prévue, puisque sans le faire exprès, le patron du bar questionné par une Jacqueline inquiète, va abonder dans notre sens en confirmant que le col de Lautaret est souvent fermé, plus à cause du vent qui forme des congères que du fait des chutes de neige. Or ce matin, la bise soufflait très fort. Nous nous payons une bonne tranche de rigolade en voyant la tête de mon épouse et celle de l’ami Claude Chauvin qui, distrait, ne savait pas qu’il s’agissait d’un canular.

Lorsque tout le monde est rassuré, je ne peux pas m’empêcher de m’adresser en aparté à Dominique en lui disant qu’avec mes conneries, je pourrais bien attirer la chkoumoune. Je ne crois pas si bien dire, nous allons subir réellement une situation presque équivalente, mais nous n’en sommes pas encore là.







Mardi 16 : Pour notre amie Joce qui vient ici pour la première fois, je décide de lui faire voir comment devait être la vallée de Serre-Chevalier avant …

Donc direction la vallée de la Clarée, parallèle à la précédente mais plus au nord, cette dernière, à force de luttes écologistes, a réussi à être protégée des promoteurs et autres industriels cupides. Désormais classée, cette vallée est considérée comme une des deux plus belles des Alpes avec celle de Champoléon dans le Champsaur, dont je vous ai déjà parlé.

Au programme de la journée, j’ai prévu de tenter l’ascension en forêt de Plampinet au fort de l’Olive où j’étais déjà allé en été. Manque de pot, la piste n’a pas été tracée et sans GPS, je préfère ne pas m’aventurer au hasard. Donc nous allons remonter la Combe Lardière jusqu’aux Fonds du Creuzet, d’où nous pourrons quand même admirer le fameux fort perché au dessus de magnifiques cheminées de fées.



Mercredi 17 : Quartier libre. Chacun fait ce qui lui plait … plait … plait… !

Jeudi 18 : Jacqueline et Claude Chauvin ont déclaré forfait. Ils préfèrent passer la journée à faire du ski de fond autour du Casset le hameau situé juste au dessous du Lauzet. Pour les Autres, rebelote, nous retournons dans la vallée de la Clarée, on ne s’en lasse pas. Cette fois-ci, nous poussons plus loin jusqu’à Névache, dernière commune accessible par route en hiver. J’ai choisi l’ascension du col des Thures, un des itinéraires permettant d’accéder au mont Thabord. Pour ce faire nous allons passer sous la « Demoiselle », une belle cheminée de fée avant d’atteindre le plateau des Thures que nous allons traverser entièrement avant d’atteindre l’autre versant donnant sur la Vallée Etroite et plus loin derrière une ultime barre montagneuse, l’Italie.







Vendredi 19 : Comme je l’ai dit précédemment, c’est la journée la plus fertile en événements. Une décision collégiale a été prise, nous irons, en fin de randonnée, nous tremper aux bains du Monetier. Pourquoi avoir choisi cette date ? Parce les infrastructures thermales ont été améliorées et le prix n’est plus le même, 17 € les deux heures. Auparavant nous nous y rendions presque tous les jours, mais à ce tarif, nous ne pouvons plus nous le permettre. Donc je choisis une randonnée pas loin des dits bains. Nous n’aurons même pas à reprendre les voitures pour changer d’activité. En partant du Monetier même, nous pouvons remonter la vallée des Grangettes en suivant le torrent du Grand Tabuc. Une trace remonte la rive gauche tandis qu’une piste de ski passe sur la rive droite. Après avoir suivi une vallée étroite, celle-ci s’élargit et s’aplanit pour former un magnifique cirque cerné de sommets dentelés, le Champs Vieux. C’est là que nous décidons de manger non loin de la pente droite de la montagne. Comme tous les autres jours, le temps est magnifique. Seulement aujourd’hui il y a un changement perceptible, la température depuis hier a commencé à grimper considérablement. J’en fais le constat et indique à mes camarades que jusqu’à présent nous avons eu beaucoup de chance. D’ici une semaine, la montagne ne sera plus accessible, les risques d’avalanches seront trop importants. J’ai à peine dit ça que la nature en montre la preuve, une importante coulée de neige se déclenche non loin de nous et s’écoule jusqu’à une trentaine de mètres de nous à peine. Par chance, avertie par des prémices de chutes, Pascale André réussit à filmer l’événement dans son intégralité. C’est la vidéo que je publie. Nous décidons de redescendre dans la vallée que nous atteignons vers 15h30. Nous allons illico aux bains. Dire qu’ils ont changé est un euphémisme. Ils sont radicalement différents. Je pense que sans mériter les 17 €, ça vaut quand même la peine d’y aller au moins une fois. De multiples activités sont proposées. Il y a une piscine extérieure avec cascades, remontée de courants, jets divers et bains bouillonnants. A l’intérieur, outre une autre piscine équipée elle aussi de bains bouillonnants et de cascades, on peut trouver un hammam, trois bains de températures différentes, un à 42°, c’est chaud mais on arrive à supporter, un à 32°, après celui à 42 c’est très reposant, et enfin pour les plus courageux, un frigidarium bien nommé puisque l’eau y est à 17°, ça surprend. On trouve aussi une grotte à brumisation et une curiosité, la caverne musicale, un endroit où l’on s’étend dans l’eau. Si on immerge les oreilles on entend alors de la musique zen.

Les deux heures passent comme une flèche. Nous prenons encore le temps de prendre un pot au bar des thermes, un pianiste assurant une animation musicale.

Mais il se fait tard et il faut songer à rentrer surtout que Hélène a préparé une tartiflette dont elle a le secret pour notre dernier repas au gîte. Parti en tête, j’ai huit kilomètres à accomplir pour retourner au Lauzet. A peine sorti du Monetier, un attroupement de voitures autour d’un fourgon de gendarmes me fait penser à un accident. Nous passons sans encombre, mais à un kilomètre à peine du gîte un barrage de la maréchaussée nous empêche de continuer. Une énorme avalanche s’est déclenchée vers 17h00 quand nous étions encore aux bains. Partie des pentes de l’Aiguillette du Lauzet, elle a traversé la route du col pour s’étendre dans la vallée jusqu’au bord du torrent de la Guisane en recouvrant au passage la petite route qui va de Casset au Lauzet. La coulée fait 50 mètres de large sur 7 mètre de hauteur. Un gendarme m’avertit que le déblayage a commencé, mais que la route ne sera rouverte que vers minuit au plus tôt.

Il faut trouver une solution. D’où je me trouve, je peux voir sans l’atteindre le Lauzet et son clocher, j’enrage. Je pense à la raclette et je décide que nous allons retourner au Casset et partir à pied de là. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée, plusieurs voitures sont déjà garées le long de la petite route. Pendant ce temps, Jacqueline reçoit des coups de téléphones alarmistes. Les occupants des deux autres voitures restées en arrière sont coincés au Monetier, les gendarmes ne veulent pas les laisser passer. Comme ils ne savent pas ou s’est produite l’avalanche, ils angoissent. Jacqueline leur conseille de dire aux forces de l’ordre qu’ils ne vont qu’au Casset. C’est comme ça qu’ils arrivent à passer.

Pendant ce temps nous avons chargé nos sacs sur le dos et suivons une piste de ski de fond. Nous arrivons à traverser la rivière sur un pont juste avant l’avalanche près de la ferme des Boussardes. Nous atteignons enfin le gîte vers 19h30. Nous ne manquerons pas la tartiflette. Nous apprenons de la bouche de Daniel que le village est isolé car un accident a eu lieu de l’autre côté, au col du Lautaret et il est fermé. Le reste de l’équipe arrive bientôt, nous sommes au complet. Plus tard dans la soirée, remis de nos émotions, Nous partons avec Daniel chercher nos voitures car la route du bas a été dégagée.




Samedi 20 : C’est le jour du départ, et … il pleut !

C’est la première fois que nous avons une veine pareille. Le temps ne nous donne même pas le regret de partir.