C'est l'ami André qui dimanche 21 décembre nous a organisé notre dernière randonnée de l'année.
Nous sommes 15 au départ de la balade. Il fait un peu frisquet en ce début de matinée, mais le soleil est largement présent dans un ciel vierge de tout nuage.
Nous nous rendons en voiture jusqu'au parking du restaurant "l'Oursinado" un peu avant le port des Oursinières. De là, nous descendons directement sur la plage si j'ose dire, car vu la taille des grains de sable, le terme "plage" n'est pas vraiment approprié. Les mots chaos rocheux sont plus justes. Nous dirons donc la grève.
Longer le bord de mer va s'avérer une opération plutôt hasardeuse. Il faut sauter de bloc en bloc au risque de se tordre une cheville. Certains rochers sont si gros qu'il faut les escalader.
De grandes plaques plus ou moins pentues pourraient de temps à autre faciliter notre déplacement si les nombreux ruisseaux générés par les abondantes pluies de novembre ne venaient pas rendre certains passage si glissants qu'il en deviennent périlleux. Une mousse humide recouvre certaines dalles. Les semelles de nos chaussures de marche n'offrent alors plus aucune adhérence et tenter de passer sur ces traîtres mousses est la promesse d'une chute inévitable. Notre amie Nicole va en faire une douloureuse expérience qui lui laissera un poignet handicapé pour toute la journée.
Nous avançons quand même malgré ces chausse-trappes. Le spectacle est merveilleux.
Les roches ont ici pris des formes belles et étranges. La mer a creusé par endroit le grès d'une multitude de petits trous. Ailleurs on dirait que des boules de terre ocre ont été projetées sur la pierre et qu'elle s'y sont fossilisées. Mais le plus étonnant sont encore ces déroutantes formations ressemblant à des œufs au plat. J'ai cherché sur la toile au retour de la balade ce que cela pouvait être, je n'ai rien trouvé. On dirait des fossiles, mais je ne suis pas certain que s'en soient.
Au dessus de nous la falaise rouge et formée de plusieurs strates dons certaines tranchent par leur couleur grise. Il s'agit de couches de marne selon André notre géologue attitré.
Nous n'avons accompli qu'une poignée de kilomètres qu'un certain raz-le-bol commence à se faire sentir. Certains passages en varappe mettent à rude épreuve le vertige de quelques-uns de mes compagnons. Aussi au lieu dit "le Bau Rouge" André décide de nous faire regagner la petite route qui serpente à flan de colline en direction de Carqueiranne.
Pour se faire nous devons emprunter un abrupt escalier de fer.
Après une rude montée, nous nous heurtons soudain à une large plaque de contreplaqué barrant le sentier. Toujours à la suite des intempéries, le chemin a été déclaré suffisamment dangereux pour que les autorités en prohibent momentanément le passage. André bravant l'interdit, décide de passer outre l'arrêté municipal et enjambe quand même la barrière suivi de quelques téméraires. Les autres dont je fais partie choisissent de passer par un lotissement. Deux braves dames prenant pitié de nous, nous donnent le code permettant de débloquer le portail d'entrée.
Tout le monde se retrouve plus haut sur la route.
Nous n'allons pas y rester longtemps. André nous annonce que nous avons passé les difficultés et que nous pouvons redescendre sur la grève. Confiants, nous le suivons. Pourtant nous le connaissons tous, nous devrions nous méfier !
En fait la suite va s'avérer aussi pénible à parcourir que la première partie.
Un moment la falaise tombant presque directement dans la mer, nous sommes contraints de remonter par un passage assez périlleux. L'obstacle passé, André veut à nouveau redescendre sur la rive. Je l'en dissuade s'il ne veut pas subir les foudres de quelques-uns.
Donc nous empruntons un étroit sentier qui nous amène au milieu d'une propriété privée. Heureusement nous ne rencontrons personne. Mais l'accès est là aussi bloqué par un grand portail en fer forgé entouré de fils barbelés rendant tout passage impossible.
Il faut donc se frayer un chemin au travers des arbres buissonneux pour regagner la route. C'est ce que l'on appelle en langage de randonneur, une baragne. Heureusement elle n'est que de courte durée.
Nous approchons de midi et les estomacs commencent à nous le rappeler. André décide de manger au fort de la Bayarde. Il s'agit d'une des trois constructions militaires qui chapeautent les collines environnantes. Reconvertie en lieu de spectacles, tous les été y est organisé une manifestation théâtrale d'une quinzaine de jours qui commence a avoir un certain renom, le festival "Théâtre in Situ".
Hélas, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la
même idée. Nous y retrouvons un important groupe de marcheurs qui pour l'occasion ont tous ornés leur tête d'un seyant bonnet de Père Noël. Les adhérents d'un club de dresseurs de chiens se sont aussi donnés rendez-vous sur l'esplanade où nous avions décidé de nous poser. Nous sommes donc contraints de nous éloigner un peu si nous voulons profiter d'une relative tranquillité.
Le chemin du retour s'effectue sur les crêtes nous faisant passer par le fort de la Colle Noire puis celui de la Gavaresse. Puis nous replongeons en direction du parking où nous avons laissé nos véhicules. Il est 16 heures lorsque nous
y arrivons ce qui nous laisse le temps d'aller ensemble boire un pot de l'amitié dans un café de bord de mer à la plage de la Garonne.
Tout en sirotant ma bière, je me dis que nous avons une chance énorme de pouvoir vivre ici, dans ce beau département du Var. Alors que partout ailleurs la France subit la pluie et les frimas de cet hiver qui débute, j'ai randonné en tee shirt pratiquement toute la journée sous un ciel d'azur, sans à aucun moment ressentir le froid.