Nous voici arrivé à fin octobre et nous sommes pourtant encore en plein été indien, et nous allons en profiter. Ca se passe quelque part dans le Haut Var dans un coin de garrigue perdu entre Salernes et Aups. C’est là que j’ai décidé d’amener mes troupes pour notre randonnée dominicale.
J’ai la surprise de découvrir pas mal de nouveaux sur le parking de Babou. Je ne m’y retrouve plus, surtout que notre groupe est mélangé avec un autre, des personnes qui randonnent suivant le nouveau concept « On va sortir » sur Internet. Si bien que me voila à faire des bises à des dames qui n’ont rien à voir avec nous.
Enfin nous finissons par nous y retrouver et nous répartir dans les voitures. Le départ s’effectue à 08h30 pile. Pascale arrive juste à temps, au volant de sa nouvelle auto. Le convoi était juste en train de s’ébranler. A deux minutes près, elle nous loupait. Le trajet vers Salernes est un peu long. Nous suivons des lambins sur les petites routes de l’arrière pays. Je me fais un peu de souci car nous avons changé d’heure ce week-end, et nous démarrons la balade avec une heure de retard. Aurons-nous le temps de boucler la rando avant la nuit, seul l’avenir le dira. Je voyage avec l’ami Robert, notre chauffeur, Denise, une nouvelle, et surprise… un revenant, notre ancien président Jean-Pierre !
Nous arrivons au départ de la balade vers dix heures moins le quart.
Nous stationnons nos véhicules à l’entrée des fraîches et ombragées gorges de Plérimont. De nombreux adhérents découvrent émerveillés ce magnifique site. Les gorges s’ouvrent à cet endroit, formant un petit cirque peuplé de grands arbres au fond duquel surplombe la chapelle Saint-Barthélemy datant du XVI e siècle. Un étang lisse comme un miroir reflète le feuillage doré des peupliers. Mais nous n’avons pas trop le temps de nous attarder. Nous suivons le sentier qui s’enfonce dans le fond du cañon. Les parois de calcaire se rapprochent. De nombreuses grottes ouvrent leurs gueules béantes de chaque côté du chemin. Certaines ont été habitées au néolithique entre 6000 et 2000 ans av/JC. Une douzaine de squelettes y a été retrouvée dont les os étaient striés au silex, signe indubitable du caractère anthropophagique des individus ayant séjournés ici. Détail morbide, on a déterminé que les corps avaient été dépecés et désossés, certains os ayant été brisés afin d’en récupérer la moëlle, aliment de choix très apprécié à l’époque. C’est peut-être pour cela que nous sommes oppressés dans cet environnement sauvage.
Le fond du défilé s’arrête brusquement sur un immense chaos. Un tronc d’arbre a été dressé là afin de permettre une ascension plutôt vertigineuse. Certains nouveaux adhérents font triste mine lorsque je leur apprends qu’il va falloir escalader la paroi. En fait, je leur ai fait une blague. Une petite sente presque invisible permet de grimper jusqu’au Trou du Loup, curieuse grotte qui, par une étroite cheminée permettait jadis de retrouver le sentier plus haut. Une échelle de fer a été scellée sur la roche. Elle permet d’éviter les contorsions dans la caverne. Je trouve que c’est un peu dommage, mais mes compagnons pensent que c’est mieux ainsi. Lorsque tout le monde a franchi l’obstacle, nous continuons la montée relativement raide qui va nous permettre de rejoindre le haut des gorges. Nous les suivons ensuite en direction du nord. Nous devons retrouver une route goudronnée que nous allons traverser. Seulement, distrait par une conversation, je rate un embranchement et me retrouve dans un endroit où je ne me rappelle pas être passé lors de la reconnaissance. Tant pis, d’après le GPS, il mène au même endroit ou presque. Je ne regrette rien car ce passage est plus pittoresque que celui que j’avais emprunté la première fois. La suite du chemin se fait sans histoire jusqu’au point prévu pour la pause repas, que nous atteignons à midi tapant.
J’accorde un long répit à mes ouailles puisque nous prenons une heure et demie de temps pour manger.
Je me tracasse un peu de ce que nous réserve l’étape de l’après-midi, car nous allons être obligés de passer dans un endroit que je n’ai pas reconnu. En effet, à un moment, le chemin que nous devons prendre est fermé par une haute clôture infranchissable. Il s’agit de la limite ouest du domaine oléicole du château de Taurenne, un splendide manoir datant du XIIe parfaitement restauré. Nous n’aurons malheureusement pas le loisir de le voir. J’ai bien essayé de suivre la piste sur son remblai, mais ce dernier est très étroit et plonge sur sa droite dans un profond ravin. Encombrée de buissons plus ou moins piquants, la progression sur cette étroite bande de terre n’y est pas très agréable. J’ai donc prévu de descendre dans le torrent asséché qui longe le chemin et de le suivre jusqu’à la route. Seulement je ne connais pas les difficultés que je risque d’y trouver. Nous verrons sur place.
Le paysage de l’après-midi est très différent du matin. Le site est plus aride. Nous marchons entre de petites falaises déchiquetées. Avec le soleil qui s’est voilé, il y règne une atmosphère fantasmagorique digne d’un roman de Stephen King. Plus loin, nous nous heurtons à une clôture limitant un large espace que nous devons contourner. Il s’agit, je l’apprendrai plus tard, du musée en plein air Faykod. Maria de Faykod est une artiste sculpteur d’origine hongroise. Elle y expose des sculptures en marbre de carrare. Si vous êtes intéressés par ses œuvres, vous pourrez trouver une somme d’information sur le très beau site Internet : www.musee-de-faykod.com
Au cours d’une courte pause, je décide d’abandonner mon projet de longer le torrent pour suivre à la place une autre piste qui va nous mener sans encombres jusqu’à la route que nous rattrapons au niveau du domaine de Plérimont où paissent tranquillement des moutons gardés par un imposant chien bouvier visiblement pas très content de nous voir.
Il n’a rien à craindre, nous n’avons pas l’intention de venir troubler la paix des ovins.
Nous devons ensuite suivre la route sur environ cinq cents mètres avant de rejoindre la piste qui va nous ramener à l’entrée des gorges de la Brague. C’est peut-être la partie la plus périlleuse de la journée. La route est large et rectiligne, et les quelques voitures qui la parcourent, roulent très vite… trop vite à mon goût. Nous devons rester très prudents.
Lorsque enfin nous quittons l’asphalte, j’accorde une pause à mes troupes. Il ne nous reste que trois quarts d’heure de marche à accomplir à tout casser, et il n’est que 15h30. Finalement, nous retrouvons les voitures vers 16h00. Tout le monde est content, il ne nous reste plus qu’à regagner nos foyers.