20 août, 2010

CA N’ARRIVE PAS QU’AUX AUTRES !

Les vacances avaient bien commencé. Nous avions décidé avec mon épouse Jacqueline de partir faire du camping en Bretagne. Pour ce faire, nous avions prévu un trajet en plusieurs étapes dont le première devait être Montbrison dans la Loire car je désirais visiter un peu les monts du Forez.

Afin d’éviter la cohue du week-end, nous avions reculé notre date de départ au mardi 13 juillet. Arrivés à Montbrison, nous visitâmes la ville avant de partir à la recherche d’un restaurant. Nous étions à peine attablés devant nos apéritifs que Jacqueline eut envie de voir si des gens avaient laissé des messages sur son téléphone mobile. Il y en avait en effet un, il provenait de notre banque, qui nous demandait de rappeler d’urgence pour une affaire concernant ma carte bancaire. Comme il était 20h00, c’était évidemment trop tard pour essayer de contacter la banque, nous devrions attendre Jeudi, car le lendemain étant le 14 juillet, notre agence serait fermée. Il fallut donc patienter un jour et demi en nous demandant quelle tuile avait bien pu nous tomber dessus.

Jacqueline rappela donc le jeudi aux aurores, pour tomber sur une employée qui n’était pas au courant d’un incident quelconque concernant ma carte bleue. Nous dûmes attendre le soir pour qu’une autre personne rappelle pour nous signaler qu’elle avait noté des opérations bizarres effectuées par Internet à partir de mon numéro de compte carte bleue. Une énumération des opérations nous confirma que des malveillants avaient détourné mon compte à leur profit et ne s’étaient pas gênés pour dépenser à tour de bras : réservations d’hôtel en Turquie, envoi d’argent aux USA, location de voiture… etc … Il y en avait pour plus de 3000 €. Heureusement, la banque dans le doute, avait bloqué les versements. Je fis donc immédiatement opposition sur ma carte qui devenait par le fait inutilisable. Ce n’était pas grave, il restait celle de Jacqueline. Un cruel cas de conscience se posa alors, devions-nous continuer notre voyage ou rentrer immédiatement nous occuper du problème. Finalement, comme l’argent était bloqué, il n’y avait pas urgence, nous n’allions pas gâcher nos vacances, on réglerait tout ça à notre retour dans trois semaines.

Mardi 03 août, commença le marathon. Première étape, mon agence bancaire où l’on me confirma que les opérations illicites avaient été bloquées. Un rapide coup d’œil sur le relevé des retraits carte bleue me rassura, aucun autre prélèvement n’avait été effectué.

L’employée me demanda d’aller quand même déposer une plainte au commissariat pour compléter le dossier de l’assurance. Je m’y rendis immédiatement. L’agent qui me reçut, une dame, refusa de prendre en compte ma plainte car je n’avais subi aucun préjudice. On avait piraté ma carte bancaire, mais comme l’argent n’avait pas été retiré du compte, je ne pouvais pas faire de déposition à la police, je sais c’est con, mais c’est la loi.

Retour donc à la banque pour signaler cet état de fait.

Je pensais l’incident clos, j’avais oublié un détail, mon compte est à débit différé.

Quinze jours passèrent. Nous reçûmes notre relevé mensuel à la maison. Lorsque nous consultâmes son contenu, le peu de cheveux qu’il me reste se dressa sur ma tête.

La banque n’avait pas tout vu, loin de là, plus de 5000 € avaient disparu de notre compte. Nous étions presque à découvert. Pourquoi la banque n’avait-elle pas remarqué toutes ses opérations illicites ? Nous ne nous posâmes pas longtemps la question. Comme les voleurs avaient agi dans un bref laps de temps, entre le 30 juin et le 07 juillet, la banque n’avait réagi que lorsque notre compte est tombé dans le rouge. Entre temps, ce dernier ayant été crédité de nos salaires de juillet, il redevenait positif.

Jacqueline me dit qu’il fallait retourner à la banque dès lendemain matin. Je lui rétorquai, que j’irais d’abord au commissariat, je pouvais être rassuré, cette fois-ci il y avait motif à porter plainte en toute légalité. Nanti de ma déposition, je passai chercher Jacqueline à son travail, direction l’agence bancaire où il fallut bien sûr poireauter. L’employée nous rassura, l’assurance garantissant ce genre de mésaventures, nous serions remboursés du préjudice. Mais les démarches n’étaient pas terminées. Je devrais revenir à l’agence déposer une attestation sur l’honneur où devait figurer dans le détail toutes les opérations malveillantes que j’avais remarqué. De plus, je dus faire une troisième visite au commissariat pour leur amener l’adresse IP de mon ordinateur. Elle est soit disant nécessaire à l’enquête pour remonter à la source des prélèvements frauduleux. Je ne suis pas dupe, je crois plutôt que c’est pour vérifier que ces opérations n’ont pas été effectuées à partir de mon ordinateur. Ce ne serait pas la première fois qu’un escroc tente de faire passer ses dépenses somptuaires en simulant un vol de carte bleue.

Voila, il ne nous reste plus maintenant à attendre que notre compte soit recrédité. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que ça risque d’être long… J’espère que je me trompe !

Je tenais à vous raconter cette histoire véridique pour vous mettre en garde. Ce genre d’affaire n’arrive pas qu’aux autres, je l’ai appris à mes dépens. Bien sûr, j’en ai parlé autour de moi, et ce que j’ai appris confirme mes inquiétudes. Le mari d’une collègue de travail est directeur d’agence bancaire. Il ne compte plus les plaintes pour détournements de comptes qu’il enregistre chaque mois. Il a d’ailleurs lui-même pris quelques précautions :

- Plus d’achats par internet. Certains sites soi-disant protégés (le cadenas en bas de l’écran) ont été piratés, la SNCF par exemple. IL NE FAUT PLUS DONNER SES COORDONNEES DE CARTE BANCAIRE SUR LE WEB.

- Ne pas utiliser sa carte bleue dans les stations d’essences automatiques. Des petits malins y installent parfois des détecteurs capables de lire toutes les informations inscrites dessus. Pareil pour les distributeurs d’argent (GAB) autres que ceux situés dans les banques. Il vaut mieux même éviter de payer les autoroutes aux guichets automatiques.

Je sais tout cela est astreignant, mais si je vous dis que le policier qui a pris ma déposition m’a avoué que plus de la moitié des plaintes qu’il enregistre concernent des détournements de cartes bancaires, peut-être y réfléchirez vous à deux fois.

J’entends déjà les sceptiques me dire que si c’est si grave que ça, pourquoi les médias n’en parlent-ils pratiquement pas ? D’après- vous…

Connaissez-vous le chiffre de transactions commerciales effectuées chaque jour sur Internet, il est faramineux. Il n’est pas impossible qu’à plus ou moins brève échéance, le commerce en ligne détrône le traditionnel. Que croyez-vous qu’il se passerait si demain tout le monde faisait de la parano ? Il n’est pas nécessaire d’être diplômé pour imaginer que tout un pan de l’économie s’effondrerait. Et l’économie mondiale en ce moment n’a pas besoin de cela. Après la crise des banques et la banqueroute de la Grèce, je ne serais pas surpris que les médias qui sont, comme chacun le sait, indépendants, n’aient pas reçu pour consigne du gouvernement d’éviter de trop parler de ce problème. Mais je suis sûrement médisant.

En tout cas, vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été prévenu. Pour ma part je jure, comme le corbeau de la fable, qu’on ne m’y reprendra plus.

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