16 juillet, 2014

LE CHEMIN DE SAINT-JACQUES... L'AVENTURE AU BOUT DU SENTIER !

     En tant que randonneur, il fallait bien que je le fasse un jour... Et bien j'y suis presque ! Si tout se passe bien le voyage devrait commencer le 29 Août prochain. 
Deux paramètres importants étaient exigés pour accomplir cette aventure, disposer du temps nécessaire et trouver un compagnon de voyage.
Curieusement, ces deux éléments se sont présentés à moi pratiquement en même temps. Je m'explique...
Un ami, Pierre Kurtz pour ne pas le nommer, m'a fait part un jour de son projet d'accomplir le chemin de Saint-Jacques de Compostelle par la voie d'Arles.
Je lui ai alors dit que j'étais intéressé, mais pas dans l'immédiat car je ne disposais pas des trois mois nécessaires pour venir à bout des quelques 1500 km du parcours. Lui non-plus d'ailleurs, nos obligations professionnelles ne nous auraient accordé que trois semaines, voire un mois maximum. Donc le projet a été remis aux calendes grecques. Et je dois avouer que je n'étais alors pas trop mécontent, car jusqu'à ce jour, je n'ai jamais effectué une telle distance à pieds, et pour cause... En serais-je capable ? Ma randonnée la plus longue fut un trek de 250 km dans le désert marocain effectué il y a un peu plus de deux ans. La prudence exigerait donc d'avoir, dans un premier temps, des prétentions plus modérées, afin de savoir si nous avions l'un et l'autre les capacités physiques de réaliser un tel trajet. 
Bien-sûr, pour ma part, pratiquant la randonnée plutôt assidûment, je pense disposer des meilleurs atouts pour y parvenir. Mais d'un autre côté, je ne rajeunis pas, il faut être objectif. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Il me fallait une opportunité, et elle arrivée comme une fleur.
Début janvier de cette année, j'ai eu le bonheur, après une longue vie de labeur... Pas les dix dernières années à la mairie de Toulon, il ne faut pas exagérer! J'ai eu le bonheur dis-je de pouvoir faite valoir mes droits à une retraite juste et méritée. Du coup je disposais du premier paramètre indiqué plus haut, la disponibilité. Et par un heureux hasard de circonstances, c'est cette même nouvelle disponibilité qui me permit de trouver le deuxième élément indispensable au projet, un compagnon de voyage. 
Dès janvier, j'ai pu commencer à effectuer les randonnées organisées le jeudi par notre section des Amis de la Nature. C'est au cours d'une de ces sorties que j'ai rencontré Gérard, un nouvel adhérent qui justement ne randonne que le jeudi. Nous avons sympathisé et, je ne sais pas comment le sujet est venu sur le tapis, nous avons parlé des chemins de Saint-Jacques. Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre de sa bouche qu'il avait lui-même le projet d'effectuer une partie du trajet. Mais à la différence de Pierrot, Gérard était beaucoup plus avancé dans la préparation de l'aventure. Des dates avaient été déterminées et il disposait déjà de sa crédence, document indispensable à tout bon pèlerin de Saint Jacques. Il me fit en outre part de son intention d'effectuer son voyage seul. Je ne lui cachai pas que je trouvais cela très courageux de sa part, j'irais même jusqu'à dire téméraire. Mais très optimiste, mon nouvel ami me dit alors qu'on était jamais seul sur les chemins de Santiago, on n'y faisait de nombreuses rencontres. Je lui rétorquai alors qu'on pouvait aussi en faire de mauvaises. 
Je ne me suis pas avancé plus loin dans cette première conversation, mais une petite idée trottait déjà dans ma tête. Mais je devais m'assurer dans un premier temps que mon épouse adorée ne verrait pas d'un trop mauvais œil le fait que je puisse envisager de partir pour plus d'un mois. Vous me connaissez, la diplomatie fait partie d'une de mes très rares qualités (comme dirait un certain Robert.)  Aussi m'y pris-je avec des gants pour amener le sujet en douceur. Je parlai d'abord à Jacqueline de ce nouvel adhérent dont elle connaissait l'épouse qui travaille elle-aussi en mairie. Puis j'amenai la conversation avec beaucoup de délicatesse sur le sujet qui m'intéressait, le fameux chemin de Saint-Jacques en prétextant que laisser partir ainsi quelqu'un tout seul sur des chemins infestés sans doute de brigands assoiffés de sang relevait de la non-assistance à personne en danger. Je ne sais pas si Jacqueline goba mes balivernes ou si la perspective de ne pas m'avoir dans ses pattes durant toute cette longue période dicta son accord, je ne préfère pas le savoir, j'aurais trop peur de connaître la réponse. 
Cette première étape accomplie, il me restait à savoir si Gérard serait d'accord que je l'accompagne. En aucun cas je ne désirais imposer ma présence. Je ne voulais surtout pas qu'il accepte par gentillesse, mais qu'au fond de lui-même il préfère rester seul. Aussi le jeudi suivant, tout comme avec Jacqueline, je procédai par touches, comme à la pêche, il me le pardonnera, nous pourrions appeler ça du tact. Je lui dis entre deux que, enfin bon, ça ne me déplairait pas de faire un truc comme ça, d'autant que je suis disponible à présent ! 
Sa réaction dépassa mes espérances. Il parut immédiatement enchanté de ma proposition et ce qui l'instant d'avant n'était encore qu'une hypothétique éventualité passa en une seconde au stade de projet. 

Ce projet, il est temps  d'en parler à présent. Gérard s'est beaucoup renseigné pour choisir son itinéraire et la période la plus favorable pour le réaliser. Il a donc choisi la "VIA PODENSIS" qui veut dire en latin le chemin du Puy. Il s'agit d'un des plus anciens chemins de Compostelle, un itinéraire historique, qui au départ du Puy en Velay permet d'atteindre la frontière espagnole au niveau de Saint Jean Pied de Port après un parcours de plus de 730 km. C'est donc ce tronçon que nous allons modestement tenter d'accomplir. Nous avons décidé de le faire en septembre, une des meilleures périodes sinon la meilleure de l'année. Le temps est encore beau et les sentiers sont beaucoup moins encombrés. Pour des raisons pratiques, nous avons choisi le camping qui ne nécessite pas de réservations nous contraignant à respecter un planning d'étapes strict. 
Comme je l'ai dit plus haut, nous comptons rejoindre Le Puy, notre point de départ, le vendredi 29 Août par la voie ferroviaire. L'itinéraire suit jusqu'au bout le GR65. Ce dernier à été tronçonné en 32 étapes qui sont données à titre indicatif. En général, le pèlerin respecte les 6 ou 7 premières étapes avant de moduler les autres. Dès le début, avec Gérard, nous nous sommes mis d'accord pour le prendre "cool". Nous avons le temps, nous ne courrons pas. Nous nous accorderons certainement des étapes de repos. 
Le GR65 part donc du Puy en Velay. Il traverse l'Aubrac avant d'atteindre Conques, Villefranche de Rouergue et Cahors. Puis il traverse la Garonne au niveau de Moissac et rejoint le pays basque par Condom et Aire sur Adour. Notre aventure devrait se terminer, si tout se passe bien, à Saint-Jean-Pied-de-Port où nous devrions théoriquement être attendus. En effet, Valérie, une cousine de Jacqueline habite dans la région et s'est gentiment proposée avant même que je lui demande de nous accueillir et nous mener à Biarritz où nous prendrons le train pour regagner nos foyers.

Enfin, et pour terminer, nous allons bénéficier de l'assistance de mon ami Christian Plancot qui s'est proposé de suivre notre périple à distance. Je lui ai transmis les cartes de notre itinéraire et je compte lui signaler chaque soir notre position soit par SMS soit par mail grâce à ma tablette numérique lorsque nous pourrons disposer de points WIFI. Il se chargera ensuite de tenir informés les adhérents de l'association des progrès de notre avancée. Il s'est en outre proposé de venir nous chercher si un problème venait à nous arriver au cours de notre voyage. Je l'en remercie encore.

Donc, je croise les doigts, dans un peu plus d'un mois, l'aventure devrait commencer. Je suis excité comme un gamin !