Dimanche André nous amène au village de La Treille perché sur les contreforts de Marseille à l'ouest du massif du Garlaban. Ce hameau doit sa célébrité à Marcel Pagnol dont on peut voir la tombe dans le petit cimetière du village.
Le ciel est bleu ce matin, mais c'est au prix d'un mistral glacial qui souffle en rafales.
A quelques centaines de mètres au nord de La Treille nous passons à proximité de la Bastide Neuve, la maison où Pagnol et ses parents séjournèrent durant l'enfance de l'écrivain-cinéaste. La maisonnette se trouve dans le hameau des Bellons qui fait partie de la commune d'Allauch. C'est ici qu'il puisa ses souvenirs qu'il transcrivit plus tard dans "La gloire de mon père" et "Le château de ma mère". Hélas aujourd'hui la Bastide Neuve est laissée à l'abandon.
Le chemin grimpe à présent au milieu d'une garrigue semi-désertique témoin des nombreux incendies qui ravagèrent ici la forêt. En face de nous le sommet de Tête Ronde qui me fait penser à une tourelle d'artillerie comme on peut en rencontrer sur les forts de montagne du Briançonnais. Pagnol y fit jadis construire le Moulin de Daudet pour les besoins d'un de ses tournages, moulin qui a aujourd'hui disparu.
Sur notre gauche, de l'autre côté d'un large ravin, André nous fait remarquer deux ouvertures à la base d'une falaise. Il s'agit des Baumes des Pestiférés où auraient été relégués les marseillais atteint de la maladie lors de la grande peste de 1720.
Un petit arrêt s'impose pour admirer le panorama incomparable sur la grande métropole dominée par la Bonne Mère, et les îles du Frioul : Ratonneau, Pomègues et l'îlot d'If et son fameux château, la célèbre prison du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas.
La piste se transforme bientôt en un étroit sentier caillouteux qui grimpe à l'assaut du Pic de Taoumé, deuxième sommet du massif avec ses 667 mètres d'altitude. C'est ici que Pagnol allait avec son père à la chasse aux bartavelles.
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Juste sous le sommet du Taoumé, nous découvrons la grotte du Gros Hibou (prononcer grozibou) où Pagnol et son ami Lili des Bellons avaient trouvé refuge un soir d'orage, et lieu qu'il avait choisi pour séjourner quand il avait voulu devenir ermite.
En fait de grotte, il agit d'une étroite faille qui perce la falaise de part en part.
Au sommet du Taoumé, le regard porte sur le massif de l'Etoile et la montagne Sainte Victoire. A l'horizon, on distingue les premiers sommets déjà enneigés des Préalpes.
Le vent froid nous incite à reprendre la marche. Nous quittons le Taoumé par son flanc Est beaucoup moins pentu.
A un détour du sentier, une étroite entrée cache une vaste et surprenante caverne, la Baume Sourne (grotte sombre.) Nous avons beaucoup de chance car à cette époque de l'année le soleil rasant pénètre directement dans la grotte qui un court moment ne mérite plus son nom.
Le sentier remonte en direction d'un vallon pour rejoindre un grand plateau où nous allons prendre notre repas de midi avant d'effectuer l'ascension de la cime éponyme du massif du Garlaban avec ses 703 mètres d'altitude.
Du sommet, une vue époustouflante porte sur toute la plaine d'Aubagne avec au fond le massif de la Sainte Baume.
A cette altitude le moins qu'on puisse dire, c'est que le vent décoiffe. Aussi nous n'allons pas trop nous y attarder.
Avant de redescendre nous avons droit à la visite d'un sympathique autochtone pas farouche pour un sou, un petit oiseau venu réclamer à manger. Jacqueline va lui donner quelques miettes de pain le temps de faire ces photos.
Sur le chemin du retour par le vallon des Piches, nous nous attardons un moment sur le magnifique site de la Baume du Plantier appelée encore Grotte de Manon. Certaines scènes du film "Manon des Sources" y furent tournée en 1954 par Marcel Pagnol avec Orane Demazis dans le rôle de la bergère. C'est en ce lieu que résonne encore le fameux "Manon, je t'aime d'amour !" lancé par Ugolin à sa bien-aimée.
Plus loin, toujours sur les pas de l'écrivain, nous découvrons la Ferme d'Angèle où fut tourné en 1934 le film du même nom avec toujours Orane Demazis, Fernandel et Raimu.
Sur le contrefort d'une colline boisée jouxtant la ferme d'Angèle, nous avons un peu de mal à trouver les ruines d'une autre construction bâtie pour les besoins d'un autre film de Pagnol, "Regain" tiré d'un roman de Jean Giono. C'est la maison de Panturle.
Plus haut encore, un porche érigé entre deux rochers reste le seul vestige du village imaginaire d'Aubignane construit, lui aussi, pour le tournage de "Regain."
Un dernier regard sur le Garlaban et le Taoumé, les deux sommets de la journée, et nous redescendons vers La Treille et la civilisation.
Un grand Merci à André pour nous avoir guidé tout au long de cette randonnée belle et nostalgique.